Depuis mars 2020, le monde connait une crise sans précédent. Comme beaucoup de secteur, le secteur du tourisme est très impacté par cette crise. Mais plus que tout autre pan de l’économie, c’est l’essence même du secteur qui est remis en cause. Des villes ou des régions ont redécouvert la tranquillité ou l’air pur. De nombreuses questions se posent. La plus important est comment mieux voyager.
Les mauvaises pratiques du tourisme
Le tourisme est un des secteurs qui a le plus évolué depuis 50 ans. Plus la classe moyenne se développe et plus de touristes arrivent sur les destinations. De nombreuses pratiques ont vu le jour et ce n’est pas forcément bon pour l’environnement, les cultures locales et la destination en générale. Voici quelques pratiques à éviter afin de mieux voyager.
Le tourisme de masse
Le tourisme de masse est un tourisme qui est apparu après la seconde guerre mondiale. A cette époque, les congés payés se globalisent et de plus en plus de personnes ont du temps pour partir en vacances. Les premiers sites de tourisme de masse ont été des sites dans les pays qui ont adoptés les congés payés. A l’époque, le maître mot n’est pas mieux voyager mais voyager tout court.
Exemples de destinations de tourisme de masse
Il y a deux exemples très parlant de ce phénomène.
La Costa Brava en Espagne
La Costa Brava est la côte méditerranéen de l’Espagne depuis la frontière avec la France sur 150 kilomètres environ. Dans les années 50, Franco décide de profiter des congés payés des Français. Il développera une infrastructure gigantesque sur la Costa Brava pour pouvoir accueillir des milliers de touristes. Entre la différence de niveau de vie et des prix bas possible grâce au tourisme de masse, c’est un succès. Malheureusement ça a détruit beaucoup d’endroits fragiles. Aujourd’hui encore, la première source d’économie de la région est le tourisme.
La Grande Motte en France
Au vue du succès grandissant du tourisme en Espagne, la France a aussi lancé des grands projets touristiques. En 1965, le projet de la Grande Motte voit le jour. Avec lui, une étape a été franchit. En effet, les projets de la Costa Brava se sont tous développé autour de villes et de villages avec une histoire. Pour la Grande Motte, on a asséché un marécage et créé une ville complète. Là encore, le résultat est catastrophique sur l’environnement. De plus, la grande Motte est condamné à ne vivre que du tourisme puisque sa création n’avait que ce but là.
Les autres pays du monde
Avec le succès grandissant des destinations intra-européenne, des pays du monde entier se sont lancés dans la course au tourisme de masse. Ce mouvement s’est accéléré dans les années 70 durant la période hippie. En effet, le voyage vers des contrées lointaines et méconnues devint le nouvel objectif des touristes. La Thaïlande est un exemple parfait. Dans la fin des années 70 début des années 80, la Thaïlande s’est lancé à corps perdu dans le tourisme. Le secteur a connu une croissance de plus de 10% par an entre 1985 et 1993. C’est maintenant la neuvième destination touristique du monde. Chaque année, le pays accueille 39 millions de visiteurs pour une population de 68 millions.
Les problèmes liés au tourisme de masse
Il y a beaucoup de problèmes liés au tourisme de masse. Que ce soit environnementaux, économiques ou culturelles.
L’environnement
Pour faire face à l’arrivée massive de touristes, il faut construire des infrastructures routières, hôtelières et autres. Il y a donc une artificialisation des sols. Le tourisme de masse est aussi très gourmand au niveau des ressources naturelles comme l’eau ou la nourriture. Enfin, il y a le problème des ordures et de leurs traitements.
L’économie
Contrairement aux idées reçues, le tourisme ne créent pas beaucoup d’emplois. Ils sont peu qualifiés et donc en général peu rémunérés. Quand des agriculteurs décident de construire un hôtel, la destination perd un agriculteur, métier important pour la survie de la communauté. Il y a une déstabilisation des équilibres parfois millénaires dans les communautés d’accueil.
La culture
Le tourisme de masse n’aime pas les choses compliquées. Il faut que ce soit simple pour être vendable. C’est pour cela que tout le monde pense que Gaudi est le père du modernisme et que c’est le seul architecte de Barcelone. Voila une vidéo qui rétablit la vérité.
Un autre exemple qui m’a choqué est à Bangkok. Il y a une rue, Khao San road qui est la rue touristique par excellence. Que des hôtels, des bars et des restaurants. C’est le supermarché du tourisme. Un grand nombre de personnes viennent dans cette rue. Par contre, personne ne va dans le musée de la culture thaï qui se trouve juste en face. Quand j’y suis allé, nous étions les seuls étrangers et sur le registre j’ai pu voir que avant nous il n’y avait pas eu de touristes depuis une semaine. C’est très dommage car ce musée est très bien fait et on en apprend beaucoup sur la Thaïlande et sa culture.
Enfin dernier exemple. A Istanbul, en haut de la tour de Galata, il y a un restaurant où il est proposé des spectacles de danse du ventre. Problème, c’est un art de la culture arabe et pas de la culture turc. Mieux voyager c’est aussi apprendre sur les cultures des pays visités.
Le tourisme solidaire
Là je sens que vous êtes perplexes. Le tourisme solidaire a un joli nom et ne peut pas être mauvais. En principe oui mais il y a de plus en plus de dérives.
Les vacances solidaires
Certaines agences vous vendent ce que l’on appelle des vacances solidaires. Le principe est simple. Vous payez un voyage pour vous rendre dans une communauté et être bénévole. On vous demandera de construire une école, administrer des soins infirmiers de base ou d’apprendre le français aux jeunes du village. Jusque là tout parait parfait.
Laisser moi vous poser une question? Êtes vous infirmière, maçon ou enseignant de profession? Pensez vous que en deux semaines vous aurez le temps d’apprendre la culture du pays d’accueil pour pouvoir les aider au mieux? Non.
C’est là où réside le problème. Ce genre de voyage est destiné à des gens qui ont besoin de gonfler leur ego. Il n’y aura pas de suivi des actions menées. De plus, ce sont des voyages très chers. Payer 3000 euros pour deux semaines en Afrique même nourrit logé c’est un abus sans nom. On rajoute à cela, l’opacité de l’argent dépensé sur place par ces agences. Voila, vous avez le cocktail de l’arnaque organisée qui n’apporte rien aux populations dans le besoin.
La visite d’associations et distribution de matériels
Là encore, vous me direz ça ne peut pas faire de mal. Malheureusement si. Certaines agences de voyage ou certains guides touristiques vont vous proposer de visiter une association durant votre séjour. Si vous acceptez, ils vous demanderons peut être de ramener des vêtements ou du matériels scolaires pour le distribuer à l’école. Il y a deux problèmes à cette pratique. Le premier c’est qu’on est encore dans un schéma d’assistanat. Vous ne financez pas de projets sur le long terme pour stopper la situation. Le second c’est que ça devient un business. On vous fera visiter la même école que les autres clients avant vous. On dira aux enfants ce qu’ils doivent dire. Le matériel venant en surabondance sera revendu pour générer encore plus d’argent pour l’agence ou le guide.
Le BegPacking
Depuis quelques années, une nouvelle façon de voyager est apparue. C’est la begpacking. Contraction entre le verbe to beg qui veut dire mendier et backpacking, terme anglais pour désigner les routards.
Le begpacking consiste à mendier dans les pays visités afin de pouvoir continuer son voyage.
Comme expliqué dans la vidéo, il y a plusieurs formes de begpacking. Soit les gens mendient sans rien proposer en retour, soit ils demandent de l’argent en échange de produits ou de performances artistiques. Elle se développe principalement en Asie surtout en Asie du Sud Est. La majorité des personnes la pratiquant sont plutôt jeunes (moins de 30 ans). J’ai vu un père de famille avec son fils mendié en plein Chatuchak. Pour que son affaire soit plus rentable, il avait écrit sur une pancarte, donnez pour que je puisse nourrir ma famille et rentrer chez moi.
Cette pratique soulève de nombreux problèmes éthiques.
Pratique interdite
Vendre ses talents ou des produits quand on a un visa de tourisme est complètement interdit. Pour l’instant, les pays touchés ont que très peu réagit. Si un jour les autorités prennent des mesures cela pourrait avoir des conséquences graves pour les voyageurs.
Respect des populations dans le besoin
Cette pratique se développe dans des pays où le revenu moyen est de moins de 150 euros. Demander de l’argent aux populations locales pour voyager est indécent. De plus, c’est privé des personnes réellement dans le besoin, de revenus.
Respect des différences culturelles
Dans les pays d’Asie du Sud Est, mendier est très mal vu. Cela ne se fait pas ou alors quand on a plus d’autre choix. Voir des occidentaux venir avec leur ordinateurs portables, téléphones et caméra faire la manche est incompréhensible pour les locaux. Voyager n’est pas un droit mais un luxe que 95% de la population mondiale ne peut pas se permettre.
Etre lucide sur certaines pratiques est aussi important pour mieux voyager.
Mieux voyager: Cela veut dire quoi?
Et si on revenait aux voyages du début du XXe siècle. A l’époque, on voyageait pour apprendre et découvrir. Je sais bien qu’on est pas tous Alexandra David Neel ou Vivienne de Watteville.
Mais on peut revenir à cette idée de découverte. Découverte de l’autre, découverte de nouvelles cultures et aussi découverte de soi.
Mieux voyager cela veut dire prendre conscience des destinations visitées. Sur un plan écologique, économique et culturelle.
Guide des bonnes pratiques pour mieux voyager
Ce guide n’a pas pour but d’être suivi à la lettre. C’est juste une liste de suggestions pour que votre voyage à l’étranger se passe le mieux possible. Il est la aussi pour vous donner une ligne directive et des orientations afin de mieux voyager.
1- Préparez votre voyage à l’étranger
Partir en voyage commence bien avant d’acheter le billet d’avion. Préparer son voyage est une des étapes clefs pour mieux voyager. Cette préparation peut prendre plusieurs formes. Par exemple, vous pouvez vous préparer physiquement si vous partez dans un pays montagneux. Vous pouvez aussi vous préparer aux différences culturelles. Vous devez vous sentir bien dans les décisions que vous avez prise en programmant votre séjour.
2- Soyez curieux
Ne vous limitez surtout pas à un seul avis ou à une seule lecture. Lisez des guides, des blogs de voyage ou des magazines. Plus vous en saurez plus vous serez prêts à faire de ce voyage une expérience unique. Vous pouvez aussi contacter des associations locales qui aident le pays que vous allez visiter. Elles vous donnerons des éléments que vous ne trouverez pas ailleurs.
3- Combattez les idées reçues
Cette partie est la plus compliquée dans le processus de préparation de votre voyage. Les fausses idées ou les idées reçues sont compliqués à déceler. En effet, ce sont des idées admissent par tous. L’Inde est sale, il n’y a que de la prostitution en Thaïlande, la Colombie est infesté par le trafic de drogue, etc… Pour lutter contre cela, il n’y a rien de mieux que de lire des articles sur des blogs de voyage. Par exemple, cet article sur les idées fausses en Inde peut vous permettre de les combattre.
4- Préférez le tourisme durable
Le tourisme durable est un tourisme qui développe une activité économique tout en ayant des actions de protection de l’environnement et qui est équitable pour les populations locales. mais attention, le green washing est aussi devenu à la mode. N’hésitez pas à questionner les prestataires qui affichent le logo tourisme durable.
5- Ne faites pas de liste de souhaits
Il y a une différence entre faire une liste de souhaits et vouloir voir des choses. Lorsqu’on fait une liste de souhaits, on conditionne la réussite de son voyage à la réalisation de cette liste. Et si un événement survient et que la liste n’est pas respectée, le séjour est gâché. Imaginez vous êtes à Paris en avril 2019. Sur votre liste, il y a la visite de Notre Dame. L’incendie a lieu et vous ne pouvez plus la visiter. Votre séjour sera impacté car notre cerveau donne plus d’importances aux choses négatives que aux positives. Vous aurez vu la tour Eiffel, Versailles, le Louvre mais à cause de l’incendie vous ne serez pas content de votre voyage. Ne conditionnez pas votre voyage à la visite absolue de monuments ou lieux. Laissez place à l’imprévu.
6- Moins c’est mieux
Avant la crise du Covid 19, une boulimie de voyages s’était emparée du monde. Un weekend de trois jours devenait un voyage dans un pays voisin. Une semaine de vacances permettait de partir à 15 h de vol de chez soi. Cette crise nous permet de nous recentrer vers l’essentiel. Le voyage boulimique n’est que de la consommation de lieux. Il sera aussi vite oublié qu’un repas dans un fast food. Si vous voulez mieux voyager et que votre voyage vous apporte réellement quelque chose, vous devez vous résoudre à voyager moins. Moins souvent mais plus longtemps et plus intensément.
J’espère que cet article vous a plus. Partager cet article le plus possible et dites moi en commentaire si vous êtes d’accord avec tout ce que j’ai dit dans cet article.
Cet article est incomplet ou vous interroge? Pourquoi ne pas en parler ensemble afin de mieux voyager?